mercredi 18 mai 2016

L'homophobie ordinaire

Aujourd'hui on lit partout que l'homophobie recule, mais rappelez moi, là pendant la journée pour lutter contre les LGBTphobie, ouais la journée dont personne n'a parlé à l'avance, y avait quoi dans les top tweet français ? #JourneecontrelesPD, sans oublier l'adorable élu FN, ouais celui qui décroche le drapeau arc-en-ciel pour allez l'enterrer … enfin il est tellement mauvais qu'il a pas réussit, car selon lui c'est sa place, la notre aussi par la même non ? Sous terre et caché ou mort et enterré ? Ça y est j'ai envie de vomir.

Top tweet de la journée contre les LGBTphobies


Récemment je suis tombé sur un article de Mr Q. « Votre homophobie me rend malade » et je suis dans le même cas pas vraiment de la même façon les remarques dont il parle dans son article me révolte et j'arrive à me révolter publiquement face à ça, mais y a aussi ces attaques vicieuses cette homophobie cachée, celle qui comme le harcèlement de rue et niée par la plupart des gens celle ou on nous dit qu'on abuse, que c'est nous qui cherchons, qui jouons, qui sommes trop sensible. Mais les victimes ne sont pas coupable des actions répréhensibles de leurs agresseurs, JAMAIS. Mais vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Attendez la suite je suis sûr que vous comprendrez

L'homophobie ordinaire ou cachée, c'est celle qui est si discrète que personne la voit, ce n'est pas des crachats ou des coups, ce n'est même pas des insultes, je vous l'ai dit elle est vicieuse. C'est ses phrases qui soit disant innocente, voir bienveillante pour certaines, vous font vous sentir sale, bizarre, différent, déplacé, déviant et en danger, oui elles éveillent en vous un parfait inconfort, un sentiment d'insécurité, un sentiment de ne pas être normal. C'est phrases me serrent et me retourne l'estomac, j'en ai parfois des sueurs froides, la sensation d'être une biche dans les phares d'un 4x4 lançait à pleine vitesse. Mais si j'ose aborder le sujet et bien je m'entend dire « mais tu es trop sensible voilà tout », « roh on est tous un peu curieux », apparemment il n'est pas gave qu'on mette ma sexualité dans le domaine publique, pas grave non plus que des gens que je connais ni d'Eve ni d'Adam viennent me poser des questions super personnelles souvent avec un ou deux potes pour se donner du courage, le tout n'importe où bien sûr, c'est clair j'ai envie de parler de ce qui se passe dans mon lit entouré de plein de monde que je ne connais pas dans un lieu publique, c'est pas grave non plus quand on me dit que les lesbiennes sont infidèles et que ma compagne est forcément en train de me tromper. Après tout ce n'est que des mots pas des coups … et bien si c'est grave, parce que ça, c'est de l'homophobie !! Aussi grave que la peur qui nous paralyse à l'idée que si notre réponse n'aille pas au mec en face ça tourne aux injures, crachas et coups. Je crois que Mr Q. parle de la peur du pire et il a raison, c'est cette peur qui nous terrorise tous. Ce ne sont que des mots, oui, mais des mots qui me rendent malade.

Devant lui le Rainbow Flag qu'il est fier d'avoir "enterré"

Certains vous dirons que face à des mots il est facile de prendre les armes, ce ne sont que des mots après tout, mais les mots ne sont que la face apparente des idées, l face visible de l'iceberg, on ne sait pas ce qui est encore dissimulé, on ne sait pas ce à quoi on va se heurté, qui plus est quand on a été la cible et que ces mots ont déjà passé nos défenses, on a le cœur au bord des lèvres, l'envie de pleurer souvent, on est déjà blessé par celui d'en face et on ne sais pas ce qu'il a encore en réserve ni sa propension à être violent, la peur du pire nous tient après tout et elle nous muselle. Et pourtant ces mots n'étaient pas violent à ce qu'il paraît, ce n'était ni des cris ni des injures, « oh surement un peu d'outing, mais tu t'en fout non que ça ce sache ? » et bien non je m'en fout pas, ça me fait chier et me stress quand quelqu'un d'autre le fait pour moi, surtout quand je connais pas la personne en question, je n'ai pas honte de sortir avec une femme à ça non je l'aime … surement plus qu'elle ne le pense … mais ma sexualité appartient à ma sphère privée même si j'en parle ici, parce qu'ici je ne suis qu'une anonyme, ma sphère privée n'a pas à être rendue publique par quelqu'un d'autre. Pour les autres j'ai des ailes qui me pousse et je me place entre les deux envoyant proprement et poliment voir même calmement bouler le malotru, mais pour moi … non pour moi ce n'est pas aussi simple car c'est moi qu'on attaque, non pour les autres je ne suis pas du genre à vouloir être le chevalier blanc ça me semble juste normal et plus facile, ce n'est pas moi qu'on attaque, moi je suis encore cachée et à ce moment là on peut pas me blesser. Alors quand c'est moi dans les phares de ce 4x4 j'ai des réactions que je sais ne pas être adaptées ou constructives, mais que voulez vous on a pas toujours la foi et/ou la force d'instruire et de lutter, puis parfois on a juste peur. Alors oui ma nausée, ma peur et moi on réagit mal dans les bons jours ceux où on ne veut pas faire de vagues on s'en va en snobant le malvenu et quand y en a trop marre que la journée fut trop mauvaise et que c'est le mauvais coup de trop je devient agressive, je le sais bien pourtant que ça ne me permettra pas de faire évoluer les choses, mais j'ai déjà trop saturée. Bon parfois quand j'ai la sensation que celui là on peut en faire quelque chose de bien je réagit avec plus de patience, mais c'est de plus en plus rare. Et face à mes deux réactions incongrues j'ai souvent les mêmes réactions quasiment les mêmes d'ailleurs, « oh c'est bon je voulais juste discuter », « roh putain ça y est avec vous on peut rien dire vous prenez directe la mouche » ou encore ma préférée « Mais je me renseignez juste »et encore là je suis plus polie qu'eux car là les insultes viennent.

Alors je m'excuse de la vulgarité qui arrive, mais j'en ait juste ras le bol, alors oui, mais merde est-ce que moi je vais dans la rue, dans les bar toper l'épaule d'un mec que je connais pas personnellement dont une vague connaissance m'a parlé avec mes potes gays ou lesbiennes pour l'interroger « Hey mec c'est toi l'hétéro ? Mais pour te définir hétéro t'as testé les mecs pour être sûr quoi ? Et comment t'as sut que t'étais hétéro non parce que c'est trop bizarre ? Et t'as testé la sodomie ou le cuni ? T'avais pas peur que ta meuf ou toi ça vous rende gay ? Oh mais ça vient d'un traumatisme c'est ça ? T'as peur des mecs ou un truc comme ça ? »

Maintenant petit tour de quelques répliques savoureuses de cette homophobie ordinaire

« A bon t'es lesbienne ? Pourtant ça ne se voit pas » pouvant être suivit de « Tant mieux/félicitation » pourquoi c'est homophobe ? Parce que ça stigmatise, induit qu'il y a forcément un type pour être gay, on est plus un humain comme les autres, on est gay, ça doit être comme les aliens ça doit se voir, pour le tant mieux ou pire le félicitation ça veut dire quoi que parce que je le semble pas je suis acceptable ? Tolérable ? Autour de toi et que si ça se voyait tu me dégagerais ? Si ça c'est pas homophobe

« Et au lit ça se passe comment ? » et autre question sur la vie sexuelle d'inconnus, mais en quoi ça vous regarde, vous accepteriez pas qu'un inconnu dans la rue vous demande votre position préférée au lit ? Si on vous a déjà enfoncé un doigt dans l'anus ? si votre compagne jouit à tous les coups ?, mais parce que la personne en face de vous est gai vous estimez en avoir le droit ? Si c'est pas homophobe d'estimer que sa sexualité vous permet de passer outre son intimité alors que vous ne le permettriez pas parce que vous êtes hétéro c'est quoi ? Mention spéciale pour le très connu « qui fait l'homme ? Qui fait la femme ? » C'est super insultant et super rabaissant en plus d'être complètement stupide.

« Comment t'as sut ? » Et toi comment t'as sut que t'étais hétéro ? On est des aliens on est différent on a besoin d'un déclencheur pour savoir ce qu'on aime ? Non généralement on a juste besoin d'un déclencheur pour pas avoir peur d'être heureux et assumer, c'est bien pour ça que son copain « c'est courageux » me donne envie d'étriper la personne en face, non ce n'est pas courageux, à chaque fois qu'un inconnu viens nous balancer notre sexualité à la tronche dans un lieu public, on a peur parce que ça ne devrait pas être important, mais qu'on sait jamais sur qui on tombe alors non, on n' est pas courageux, on vit juste avec la peur parce qu'on a choisit d'être heureux, merci de nous rappeler qu'on a des raisons d'être « courageux » mais est-ce une menace cachée ? Bah dans certains cas oui donc c'est bien une agression.

« T'as pas croiser le bon mec ? », « Teste avec moi tu verras ce sera mieux », « C'est un mec qui t'as traumatisée ? » là c'est tellement énorme que je ne comprends pas que personne ne voit en quoi c'est homophobe, mec t'es juste en train de nier que ma sexualité est normal et saine, y a rien de plus homophobe.

le recensement de 4 insultes homophobes cette semaine sur twitter

Alors navrée chers inconnus, mais ma vie sexuelle ne vous regarde en rien, je n'ai absolument aucune envie que vous veniez me faire chier, à m'interroger publiquement sur ce qui se passe dans ma sphère privée si elle se nomme privée c'est bien qu'elle n'est pas publique, des gens que je ne connais pas n'ont rien à savoir dessus et c'est encore moins à eux la rendre publique. Oui quand vous vous permettez ça sous couvert de curiosité c'est juste malsain, une véritable agression nauséabonde car elle tente vicieusement de rester cachée votre homophobie ordinaire, ça ne vous regarde pas, mais moi ça me rend malade. Il y en a sûrement qui le vive mieux, qui sont plus blindé où qui ont assez d'espoir en l'Homme pour se dire que non ça ne peut être une agression, mais plus moi.

J'espère malgré tout que cette article aura fait réfléchir certains … bonne continuation